Néo-polar fantastique à la sauce taiwanaise
2001
Taiwan

117 mn
雙 瞳
Double Vision

陳國富
Chen Kuo-fu
(Chen Guofu)
bébé en conserve
© Taipei Times
De notre envoyé spécial, Denis Coutrot
Taipei, pour Sinoiseries, 28/11/2002

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Interprètes principaux
:
梁家輝 Tony Leung (Kar-fai) [Liang Jiahui]
David Morse
劉若英 René Liu [Liu Ruoying]
戴立忍 Léon Dai [Dai Liren]

Double Vision est sans conteste le film taiwanais de l'année, non seulement parce qu'il concentre trois nationalités dans sa réalisation – américaine, taiwanaise et hongkongaise –, ce qui le rend potentiellement fort pour pénétrer ces trois marchés, mais surtout parce qu'il combine habilement le style américain du polar violent et pluvieux à la Seven et le mysticisme en vogue de la culture chinoise.

La recette est éculée : deux flics que tout oppose, et en particulier la culture et la langue, enquêtent sur des crimes insolubles que l'on rattache bientôt à un mystérieux tueur en série aux motivations non moins mystérieuses. La piste suivie est parsemée d'indices et de rebondissements qui font progresser l'enquête assez rapidement et parfois même un peu facilement. Le tueur enfin, dont les motivations mystiques tiennent à la fois des héros de Tigres et Dragons ( 臥虎藏龍) et du Kayser Sozé de Usual Suspects, reste un personnage relativement classique de l'univers cinématographique contemporain.

Et pourtant... Il se dégage de ce film un charme certain, lié à la fois à la touchante faiblesse du flic torturé, à l'ambiance irréelle créée par l'orchestration des meurtres et par l'atmosphère de la ville de Taipei, à la fois lieu de l'action et pièce essentielle du puzzle, grâce à son inimitable système d'aération. Autre trait de culture locale, un humour naïf et franc est distillé tout au long du film et contribue à renforcer le réalisme de l'action. Il est également agréable de constater que la traditionnelle initiation américaine à la culture chinoise n'aboutit pas — pour une fois — à une mise en valeur de la culture occidentale par effet de balancier, mais à un subtil équilibre où la critique pointe sans jamais se faire méprisante. Enfin, visuellement, le film use de toute une palette de couleurs : de celles blanches et vertes de la ville de Taipei aux teintes bleutées et orangées des ambiances éthérées de la fin du film, et exploite avec finesse quelques effets spéciaux (ralentis saccadés principalement) qui ajoutent à l'étrangeté des situations.

Ce film est donc à la fois un polar efficace sans grande originalité de scénario, et une curiosité pour les amateurs de culture chinoise, et taiwanaise en particulier.
Quelques liens pour en savoir plus
Français :
• Un certain regard, Festival de Cannes, Double Vision.
Anglais :
• « David Morse in Taiwan to film `Double Vision' with Chen Kuo-fu
», Dépêche Associated Press publiée sur eTaiwan News, 25 mai 2001.
• YU, Sen-lun, « East meets West in homegrown biotech thriller », Taipei Times, 25 octobre, 2002.
Chinois :
Site officiel 雙瞳.
雙瞳, Kingnet. com, 25 octobre 2002. (long article avec photos pour la sortie officielle à Taiwan).
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